Favoriser l'efficacité et la durabilité dans les centres de données

Le futur de la connectivité dans les centres de données semble résider dans la capacité à accéder en toute sécurité aux informations et à les diffuser plus rapidement. Cependant, plusieurs éléments liés à l'efficacité énergétique et à la durabilité doivent être pris en compte. Les centres de données qui optimisent leur consommation d'énergie sans gaspiller de ressources disponibles dépensent moins dans la gestion et la maintenance. Ces économies peuvent ainsi bénéficier aux utilisateurs, ce qui les rend plus attractifs aux yeux des consommateurs.

Pour atteindre une efficacité énergétique, il est possible de se tourner vers la technologie pour réutiliser, réparer et recycler l'infrastructure, définir les matériaux de construction, les sources énergétiques, la stabilité du réseau électrique et la gestion technique du bâtiment, y compris les vastes systèmes de refroidissement. Même le choix de l'emplacement (efficacité liée aux avantages géographiques et climatiques) permet de bénéficier d'une climatisation naturelle dans les climats plus froids. En Europe, notamment, davantage de sites dernier cri ont pu voir le jour grâce à l'augmentation de la disponibilité de sources énergétiques fiables et renouvelables. Cette croissance devrait persister conformément aux législations du pacte vert pour l'Europe.

En effet, plus de 60 opérateurs cloud et de centres de données du monde entier, y compris AWS (Amazon Web Services), Equinix, Google, Intel, Interxion et OVHcloud, ont signé un accord pour une initiative d'autorégulation stipulant que « les énergies renouvelables fourniront 75 % de la demande en électricité des centres de données d'ici le 31 décembre 2025, et 100 % de la demande d'ici le 31 décembre 2030 » (même si certaines entreprises devraient atteindre ces objectifs bien plus rapidement).

Pour François Sterin, directeur industriel chez OVHcloud, « OVHcloud vise à développer un modèle économique et durable. C'est pourquoi nous prévoyons d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2025, et le zéro carbone d'ici 2030. Nous sommes fiers de notre engagement envers la neutralité climatique et de notre collaboration avec des acteurs clés du secteur. »

Avec cette initiative, les opérateurs des centres de données doivent établir un objectif annuel en matière d'efficacité de l'utilisation de l'eau d'ici 2022, ou d'une métrique de conservation de l'eau alternative. Les nouveaux centres de données et les centres de données existants devraient respectivement se conformer à l'accord d'ici 2025 et 2030. En raison de la diversité du marché, l'objectif de conservation de l'eau peut varier selon les spécifications de chaque centre de données. Le système énergétique circulaire fait également partie du plan : il implique la réutilisation de la chaleur émise par les centres de données afin de conserver l'énergie. D'après l'initiative d'autorégulation, « les opérateurs de centres de données étudieront les possibilités d'être reliés aux systèmes de chauffage urbain et autres utilisateurs de chaleur, afin de déterminer si l'alimentation des systèmes se trouvant à proximité via la chaleur émise par les nouveaux centres de données est pratique, écologique et économique. »

Comment l'efficacité est-elle mesurée ? L'indicateur d'efficacité énergétique (PUE) illustre l'efficacité de l'utilisation des ressources énergétiques d'un centre. Pour donner un ordre d'idée, un centre de données avec un PUE de 1,2 serait considéré comme étant très efficace, tandis qu'une valeur de 3,0 serait extrêmement inefficace. Une valeur de PUE inférieure signifie que l'efficacité est globale, réduisant ainsi les coûts d'exploitation pour le propriétaire, l'opérateur et le client.

Voici des exemples de centres de données qui prennent des mesures positives en tirant profit d'avantages technologiques et géographiques : 

  • Lefdal Mine Data Center (photo ci-dessus) est situé dans une ancienne mine souterraine abandonnée à Måløy, en Norvège. Affichant un PUE impressionnant de 1,15, il utilise l'eau d'un fjord à proximité pour réguler sa température et générer 350 MW d'électricité. De plus, il n'émet aucun CO2 et le bilan de sa consommation l'eau est neutre.
  • London 1 de NTT, un centre de données à grande échelle doté d'une sous-station. Avec un PUE de 1,2, ce centre de données basé à Dagenham prévoit d'atteindre sa capacité potentielle de 64 MW (charge informatique maximale de 32 MW actuellement).
    Amy Daniell, directrice des centres de données mondiaux hyperscale EMEA pour NTT indique : « Nous avons la responsabilité, dans l'ensemble du secteur, de mettre l'accent sur la durabilité et les moyens d'atteindre ces objectifs de neutralité carbone, que ce soit dans deux, trois ou cinq ans. »
  • Le centre de données de Verne Global (acquis récemment par Digital 9 Infrastructure plc) se trouvant à Keflavik, en Islande, exploite une ancienne base militaire de l'OTAN en utilisant exclusivement des sources renouvelables sous forme d'énergie géothermique et hydroélectrique issue des eaux glaciaires. Avec un PUE de 1,06, ce centre de données n'utilise que 10 % de la capacité disponible de ses systèmes, ce qui lui offre une marge de croissance importante.
  • Le Project Mercury d'eBay est situé dans le désert de Phoenix. La chaleur représente évidemment un danger lorsqu'une entreprise cherche un endroit pour construire un grand centre de données à forte consommation électrique. Cependant, Mercury affiche un PUE de 1,04 grâce à l'efficacité de ses systèmes de refroidissement à eau dans le transfert d'air chaud. Il pompe de l'eau froide via les salles de serveur avant de la renvoyer pour qu'elle soit refroidie.
  • Le centre de données en colocation de Switch Tahoe Reno a développé sa propre technologie pour supprimer les produits chimiques des systèmes de refroidissement, augmentant ainsi la conservation de l'eau de plus de 400 %. Avec un PUE de 1,2, le site fonctionne entièrement à l'aide d'énergies renouvelables depuis janvier 2016. Switch a également obtenu une note de A à tous les niveaux dans le rapport Clicking Clean de Greenpeace. Il s'agit de la meilleure note possible pour une entreprise.